Extrait du journal

lage, voulut se rafraîchir et faire sa provision d’eau au puits ; mais elle n’avait point de quoi tirer l’eau, et Marie pria une autre mère, qui puisait, de lui en donner. La mère avait assez à faire avec son propre enfant, et refusa à la fugitive. Alors l’eau, la pauvre eau elle-même, moins prudente que les humains, monta, monta, et vint jusqu’à la margelle du puits, disant en son muet langage : « Je suis à votre service, c’est ma vocation. » Et la Sainte Famille fit sa provision pour le voyage de Jésus. ¥** Jésus partait; ceux qui voulaient le massa crer arrivaient. Ils écartaient le voile des berceaux et disaient : « Où est Jésus? » Et comme on n’avait pas admis Jésus, ils massacraient l’innocent à qui sa mère avaitdit: « Dors bien, je ne te substituerai pas Jésus. » Heureuses mères, si elles avaient compris alors l’expiation et la gloire de donner son sang pour la rançon de Jésus ! *** ' Ce spectacle est exactement celui de notre société. Jésus-Christ, par son Eglise, demande sans cesse aux mères de le laisser entrer dans le cœur de leurs enfants, de permettre que, par une vocation sainte, ils soient désormais ses compagnons intimes; ou mieux: il devient lui-même le flls, et, par la vocation, se subs tituera aux enfants. Mais - quand Jésus fait cet honneur à une famille d’y chercher une place, le père ou la mère répondent presque invariablement : « Nous ne sommes pas assez pauvres pour vous offrir l’hospitalité. Allez porter votre gloire plus bas; chez nous, on ne se gêne pas; nos enfants sont trop précieux pour vous.» *** . Et Jésus va à d’autres portes ; des plus éle vés aux plus petits bourgeois, on lui répond toujours : « Passez plus bas; on n’est pas obligé de fournir des vocations, ceci est réservé à ceux qui ont d’étranges caprices et qui n’ont rien à perdre. Allez. » * Et Eexpulsé Jésus arrive de porte en porte à l’étable, c’est-à-dire aux petits pâtres qui gardent les troupeaux, et il en fait les pas teurs de ses peuples. Voilà pourquoi, plus tard, ce Jésus choisit les apôtres parmi de pauvres pêcheurs et des bateliers, et non dans l’aristocratie juive qui l’a rejeté. Et cependant, il est écrit que les apôtres siégeront sur douze trônes, jugeront le rrfonde entier. Quelle gloire semblable peut pro mettre la fortune et le nom, le talent, le suc cès devant les hommes? , *** Mais un bruit se fait au loin? Qu’est-ce? C’est la révolution qui s’avance et qui cher che à tuer Jésus. Elle vient, elle est dans la rue, elle va monter dans les maisons, elle cherche Dieu, mais il est hors de ses coups. Donnez votre fils à égorger, vous n’avez pas voulu le faire compagnon de Jésus. Il y a un siècle, les couvents étaient riches, mais abandonnés; l’aristocratie incrédule ne les recrutait plus, la bourgeoisie préférait élever des gardes nationaux. Et la révolution a demandé aux mères qui n’avaient point fait place à Jésus dans leur foyer, un million de soldats à tuer sur les champs de bataille, et il a fallu payer. *** Que de pères ont hésité à lâcher leur flls sous prétexte Réprouver une vocation, di sant : «Si elle est bonne elle résistera au dan ger » ; et le flls, livré au danger, a succombé ; il est à demi au démon, en attendant qu’il lui appartienne en entier, et c’est l’ouvrage du père aveugle qui se félicite encore et dit : « J’ai bien fait de l’empêcher d’être àDieu, puisqu’il est au diable. » Pauvre flls I pauvre père ! Lis Macos....